LE SOIN, L’UN DES FONDEMENTS DE L’HUMANITÉ

by thelmaetfleur

« Selon le Philosophe Frédéric Worms, le soin médical est en réalité la manifestation d’une relation plus profonde et proprement humaine : le « soin relationnel » qui relie dès sa naissance – et même avant celle-ci-un être humain à un autre être humain qui prend soin de lui. Ce soin « primitif » -au sens chronologique, logique et ontologique- est nécessaire à la constitution de l’individu et provient de sa vulnérabilité essentielle et originelle : « Notre faiblesse à la naissance, nos défaillances continuelles font que nous nous soignons les uns les autres, que nous devons le faire ». C’est cette vulnérabilité originelle qui caractérise notre humanité »…

Nous vivons dans la société du Big Data et cette numérisation de la santé menace gravement la relation du patient au soignant. Il apparaît aujourd’hui nécessaire de repenser le soin d’un point de vue conceptuel et donc éthique.
L’art médical et l’art du soin, doivent rester une manière d’être en relation avec la personne malade. Relation relevant de savoirs subtiles, d’intuitions, d’empathies, d’un « savoir comment être présent pour l‘autre, au-delà du savoir-faire et des protocoles ».

Depuis 1990 les techniques d’imageries médicales ont permis d’explorer les lésions infligées sur le cerveau par le traumatisme. Il n’est pas seulement un événement qui s’est produit dans le passé. Le traumatisme laisse une empreinte sur l’esprit, le cerveau et le corps qui conditionnent la manière dont le cerveau gèrent les perceptions et modifie notre capacité à penser.
Lorsque ces traces mnésiques sont réactivées, le lobe frontal du cerveau se ferme, il est alors impossible à la personne traumatisée de mettre en mots et de donner du sens à ce qu’elle est entrain de vivre .
Lors d’un traumatisme, le cerveau émotionnel (le système limbique et le tronc cérébral) prend le dessus et répond de façon autonome, produisant des changements dans le comportement, ainsi que dans la physiologie du corps.
Les deux systèmes ne fonctionnant plus de manière intégrée, les empreintes traumatiques sont organisées sous forme de traces sensorielles et émotionnelles fragmentées.
Pour les très jeunes enfants, on a longtemps pensé qu’ils ne disposaient pas de capacités
Mnésiques et pouvaient oublier leurs frayeurs et leurs chagrins.
On sait au contraire aujourd’hui qu’ils sont particulièrement vulnérables au trauma et que leur personnalité risque d’en être profondément modifiée.
Pour les petits qui n’ont pas conscience de la mort, la séparation est probablement l’équivalent de la confrontation avec la mort pour les adultes.
Les relations qu’ils tissent avec leur figure d’attachement constituent le substrat sur lequel ils tissent leurs sentiments de sécurité et de confiance.

« De nombreuses études ont montré qu’avoir un bon réseau relationnel est la meilleure protection contre le traumatisme. La sécurité et la terreur sont incompatibles… Les adultes effrayés répondent aux mêmes modes de réconfort que les enfants terrifiés : ils doivent être enlacés et bercés, sentir qu’une personne plus forte prend les choses en main et qu’ils peuvent s’endormir tranquillement. Pour pouvoir se remettre, l’esprit, le cerveau et le corps doivent être convaincus qu’ils peuvent lâcher prise. Ils ne se laissent aller que s’ils se sentent viscéralement protégés et peuvent associer ce sentiment de sécurité à des souvenirs et des situations d’impuissance .- Bessel Van Der kolk – « Le corps n’oublie rien »

 

[1] Philosophie du soin P.111 -Frédéric Worms – Éditions Vrin 2019
[2] Le corps n’oublie rien- Bessel Van Der Kol – Éd. Albin Michel Pocket 2018- P. 303/304
[3] Le corps n‘oublie rien P. 356 – Bessel Van Der Lolk- Éd. Albin Michel 2018

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